SOUS LA DALLE de PARIS LA DEFENSE
New-Territories_S/he, Emanuele Coccia
16 Septembre – 1 Octobre 2023 (english version below)
Première & Dernière mondiale — Dans les sous-sols interdits de Paris La Défense
Du 16 septembre au 01 octobre 2023, Paris accueille la première mondiale de La Chambre des mémoires à-venir.
Deux partenaires Mondes Nouveaux et Paris La Défense sont réunis pour offrir au public une expérience inédite : la découverte d’un monde complexe où l’on est invité à se perdre ou se trouver, pour une durée de 30 minutes, dans les sous-sols interdits de Paris La Défense.
La chambre des mémoires à-venir est conçue par l’architecte François Roche qui réunit avec New-Territories une équipe pluridisciplinaire et internationale : le philosophe Emanuele Coccia (France) & l’artiste Mika Tamori (Japon/Thaïlande), l’artiste-réalisateur Chris Delaporte (France), le créateur sonore Damien Sorrentino (France) et l’actrice Laura Benson (Royaume-Uni/France). Signalant le retour de New-Territories_S/her en Europe, en France, à Paris, La Chambre des mémoires à-venir est l’une des ultimes occasions de plonger, sous la dalle de Paris La Défense, dans ces lieux prohibés, programmés pour être re-structurés.
L’expérience d’un rétrofutur archéologique
La Chambre des mémoires à-venir est immersive & performative — philosophique et technologique, scientifique et psychologique, cinématographique et théâtrale — vivante, visuelle et architecturale.
La Chambre des mémoires à-venir s’éprouve, se vit, se joue, se ressent, se construit et se déconstruit. C’est cette métamorphose qui est proposée à Paris, dans les espaces intermédiaires / interstitiels sous la dalle de Paris La Défense.
Le temps unique de l’événement, ces sous-sols interdits s’ouvrent pour devenir l’antre où surprendre les bribes d’une conversation, d’une dispute, d’une controverse polyphonique et caverneuse mis en mots & en scène entre un philosophe & un architecte qui confient à des entités paréidoliques et cosmiques ce qui se chuchote concernant le devenir du monde dans un ailleurs temporel. Un rétrofutur archéologique qui nous regarde nous débattre dans le fatras de l’ici-et-maintenant.
« Ici, demain, déjà là-bas »
Les mots d’Emanuele Coccia, les avatars holo-cosmosgraphiques développés avec la collaboration de Chris Delaporte invoquent des glitches cérébraux paréidoliques, les gribouillages live invisibles de Mika Tamori se révèlent par intermittences, comme des spasmes.
« Il nous semble plausible de conjuguer un récit au futur antérieur, au sens littéral, de regarder un demain, un demain juste devant nous (celui qui nous effraie et que nous ne cessons de caresser) où l’espèce (la nôtre et toutes celles sur cette planète) aura mutée, à la fois humaine et technoïde, végétale et cérébrale, chrysalide et chimère darwinienne. Des créatures post-pariétales se donnent le droit de spéculer sur l’hypothèse d’une nouvelle branche de l’évolution. Puis une remontée à la surface, dans la psyché d’une ”blue pill” » New-Territories_S/he
« Déjouer la relation avec un passé individuel ou collectif [···] Supprimer l’illusion de nécessité qui nous lie à un passé d’espèce biologique. Pouvoir faire (re)vivre un site comme une chambre d’enfance encore enceinte de futurs qui n’ont pas (encore) décliné dans le présent. Pouvoir briser l’évidence avec laquelle nous considérons notre nature d’Homo sapiens comme un trait nécessaire. [···] une expérience qui libère la vie de toute espèce de l’histoire et l’invite à un exercice d’imagination dans lequel tout doit encore arriver. » Emanuele Coccia
Prochain ‘Multitudes‘, #91 Juin 2023 – Cahier Icônes par S/he new-territories _ 40 pages dediées à ce dispositif (entres autres ”Conspirations hors complots”)
Participer
2 000 personnes exclusivement sont invité·e·s à pénétrer dans les dédales de béton de Paris La Défense, à la fois cathédrale païenne et résidu infrastructurel des années 1960, à l’intersection de l’A14, de la ligne 1 du métro et du RER A.
Pour entrer dans La chambre des mémoires à-venir, chaque participant doit réserver son créneau de 30 minutes : ICI.
La descente dans les sous-sols s’effectuera par groupes de 12 personnes simultanément.
L’expérience est accompagnée par un guide dédié. L’expérience proposée est psychologique et intellectuelle, physiologique et spirituelle.
La chambre des mémoires à-venir est réservée aux plus de 16 ans.
16 septembre au 01 octobre 2023
La chambre des mémoires à-venir
+ Horaires :
samedi & dimanche : 11:00 – 13:00 / 14:00 – 20:00
lundi & vendredi : 12:00 – 14:00
mardi, mercredi et jeudi : 17:00 – 20:00
+ Billetterie : ICI
+ ⚠ Plus de 16 ans uniquement / présentation d’une carte d’identité (pour les plus jeunes), le jour de sa participation
+ Lieu : Dalle de Paris La Défense, Accès : ICI
+ Entrée : À 3 mètres du IT – Italian Trattoria La Défense au 86 Esplanade du Général de Gaulle 92400 Courbevoie
+ Dossier de presse : ICI
+ Pour toutes questions, demandes d’entretiens/interviews/visites des coulisses et de tournages : ICI
English Version
World Premiere & Last – In the forbidden basements of Paris La Défense
From September 16 to October 01, 2023, Paris hosts the world premiere of La Chambre des mémoires à-venir.
Two partners, Mondes Nouveaux and Paris La Défense, have joined forces to offer the public a unique experience: the discovery of a complex world where you are invited to get lost or find yourself, for a period of 30 minutes, in the forbidden basements of Paris La Défense.
La chambre des mémoires à-venir is designed by architect François Roche, who has brought together a multidisciplinary, international team with New-Territories: philosopher Emanuele Coccia (France) & artist Mika Tamori (Japan/Thailand), artist-director Chris Delaporte (France), sound designer Damien Sorrentino (France) and actress Laura Benson (UK/France). Signaling the return of New-Territories_S/her to Europe, France and Paris, La Chambre des mémoires à-venir is the ultimate opportunity to plunge beneath the Paris La Défense slab into these forbidden places, programmed to be re-structured.
The experience of an archaeological retro-future
La Chambre des mémoires à-venir is immersive & performative – philosophical and technological, scientific and psychological, cinematographic and theatrical – living, visual and architectural.
La Chambre des mémoires à-venir is experienced, lived, played, felt, constructed and deconstructed. It is this metamorphosis that is proposed in Paris, in the intermediate/interstitial spaces beneath the Paris La Défense slab.
For the duration of the event, these forbidden basements will open up to the public for the first and last time, becoming a den where you can overhear the snippets of a conversation, a dispute, a polyphonic and cavernous controversy put into words & staged between a philosopher & an architect who entrust to paraeidolic and cosmic entities what is being whispered about the future of the world in a temporal elsewhere. An archaeological retro-future that watches us struggle through the here-and-now.
“Here, tomorrow, already there”
Emanuele Coccia’s words, the holo-cosmosgraphic avatars developed with the collaboration of Chris Delaporte invoke pareidolic cerebral glitches, Mika Tamori’s invisible live scribblings reveal themselves intermittently, like spasms.
“It seems plausible to us to conjugate a narrative in the past future tense, in the literal sense, to look at a tomorrow, a tomorrow right in front of us (the one that frightens us and that we never stop caressing) where the species (ours and all those on this planet) will have mutated, at once human and technoid, vegetable and cerebral, chrysalis and Darwinian chimera. Post-parietal creatures give themselves the right to speculate on the hypothesis of a new branch of evolution. Then a journey to the surface, into the psyche of a “blue pill” ” New-Territories_S/he
“Thwarting the relationship with an individual or collective past [—] Remove the illusion of necessity that binds us to a past as a biological species. To be able to (re)experience a site as a childhood bedroom still pregnant with futures that have not (yet) declined into the present. To be able to shatter the evidence with which we regard our Homo sapiens nature as a necessary trait. [—] an experience that frees the life of any species from history and invites it to an exercise in imagination in which everything has yet to happen.” Emanuele Coccia
“… the continuation of 10 years of Rimbaldian adventure, robotic, subversive, human, “where it smells like shit”,… in the depths of jouissive pollution… “to put an end to the with the judgment of the gods, be they divine and/or institutional”…fugitive in the slums of Bangkok’s China Town as a refuge… but Covid obliges… the Baudelairian devil who would have us believe that he doesn’t exist… blah, blah, blah… this wasn’t in the Chinois district, Paris XIII, HBM housing from the Front Populaire, not so bad… to dream of the filthy residual basements of the Futurama (world fair NYc 1939) of modernity at La Défense, and to witness the fight of retro-futuristic australopithecines… rather than homo sapiens, my contemporaries… so back to the motherland as a native immigrant… nomad… temporal statelessness, for a writing style… disillusioned, disenchanted… with a bitter aesthetic libidinal… charming distress, the eroticism of Sabina Spielrein’s little death. Spielrein, but also of Boccacio’s Decameron… a mirror of the bankruptcy of our ecosophy too late, and far too sterilized, hygienized… privatized, but also a mirror of our own dementia. of our own dementia, a film with three characters: the cynic, the idiot and the moralist… Three-headed Diogenes in Lacanian introspection… in his barrique dog cave… dog… For this film, which seems to be a Valladolid controversy 2.0… in reversed… 3 Jesuit avatars from the future discuss and judge our degree of humanity… from tragedy to farce… but it’s also like a fold of the soul… a topological fold of our inner cinema… we’re talking to ourselves… these little “men, women, green beasts” are us… the expression of our sad passions, the unavowable desire to take the risk of being human… a multiplicity of inner voices like psychodramas, critical schizophrenias… echoing… of our procrastination… an aesthetic of skepticism… It’s time to meet to meet Trans Humans… mutants, who are not Transhumanists,… but also to question evolutionary theories and their distinction between species, in “retro-future-speculative archaeology” / The aesthetic object here is a subject… which is not outside, outside… but in itself… to give language to our own ambiguities… to reveal our lack of discernment… these cosmic avatars, trans… it’s “both of us”… in dissonance… schizoanalytic demultiplications and Guattari’s chaosmosis… fiction as the unveiling of inside-outside knots, their unfolding and contingency… ecology of being… heroes and thanatos… ecology of limbo and the migrations of beings, beasts, plants, genders and sexualities… Eco-technological monism… Infinity, proximity, thought, genitalia, love… the same substance…” F.Roche_S/he
Participate
Only 2,000 people are invited to enter the concrete maze of Paris La Défense, both a pagan cathedral and an infrastructural residue of the 1960s, at the intersection of the A14, metro line 1 and RER A.
To enter La chambre des mémoires à-venir, each participant must reserve a 30-minute slot: HERE.
The descent into the basement will take place in groups of 12 people at a time.
The experience is accompanied by a dedicated guide. The experience is psychological and intellectual, physiological and spiritual.
The Chamber of Future Memories is reserved for people over 16.
September 16 to October 01, 2023
The Chamber of Future Memories
- Opening hours :
Saturday & Sunday: 11:00 – 13:00 / 14:00 – 20:00
Monday & Friday: 12:00 – 14:00
Tuesday, Wednesday & Thursday: 17:00 – 20:00 - Tickets: HERE
- ⚠ Over 16s only / presentation of identity card (for the youngest), on the day of participation
- Location: Dalle de Paris La Défense, Access: HERE
- Entrance: 3 meters from the IT – Italian Trattoria La Défense at 86 Esplanade du Général de Gaulle 92400 Courbevoie
- Press kit: HERE
- For all inquiries, interviews/interviews/backstage and filming tours: HERE
À quoi ressembleront les villes du futur ? Rencontre avec FRoche-S/he
Les portes de La Chambre des mémoires à-venir s’ouvriront le 16 septembre prochain dans les souterrains de la Défense, à Courbevoie. On a voulu faire un tour anticipé de la nouvelle installation immersive du collectif New-Territories_S/he en interrogeant le cerveau qui en est à l’initiative, l’architecte François Roche. En toile de fond, une question : que les technologies peuvent-elles raconter ou révéler de plus que les espaces ne disent pas d’eux-mêmes ?
Depuis de nombreuses années, François Roche exprime sa vision novatrice au sein du collectif New-Territories_S/he, à la frontière de l’art de la science et de l’architecture. Artiste et architecte français (critique du milieu de l’architecture), ce dernier a vécu en Asie de 2011 à 2021, où il a poursuivi des projets expérimentaux in-situ, qui défient la simplicité et embrassent la diversité des expériences humaines. Jusqu’à ce que le Covid ne l’incite à quitter la Thaïlande pour se réinstaller en France, sans pour autant mettre de côté son obsession : investir des espaces en marge, invisibilisés, afin de révéler les angles morts de nos idéologies et utopies bâtisseuses.
Fugitif de l’identité, la personnalité de François Roche comme ses travaux transcendent les catégories binaires. Sans cesse, il navigue entre l’analogique et le digital, la robotique et la « bricola », tisse des liens ambigus entre l’organique et la computation. Sa dernière installation en date, La Chambre des mémoires à-venir, ne fait pas exception : déployée dans le silence et l’obscurité bétonnée des sous-sols de La Défense, elle orchestre un dialogue subtile et vertigineux entre la psyché humaine et ses artefacts. Immersives – François Roche préfère dire « hypnotiques » –, les technologies déployées donnent le tournis. L’erreur serait toutefois de le considérer comme un techno-fétichiste : à travers son langage poétique et complexe, reflet d’une personnalité qui défie les normes, qui jongle entre les mondes, François Roche est évidemment bien plus que ça. Laissons-le nous en dire plus…
D’où vous vient l’idée de La Chambre des mémoires à-venir ?
François Roche : Au départ, on pensait investir une grotte proche de la grotte de Lascaux, dans laquelle des entités du futur nous regarderaient comme nous, nous regardons avec curiosité et condescendance les australopithèques. On les bestialise ou les re-humanise au gré de nos synchronicités. On voulait créer quelque chose d’un peu similaire. Une sorte de rétro-futur où des entités qui ont échappé à la branche de l’Homo sapiens jugent notre fatras de l’ici et maintenant, nos pulsions morbides, jouisseurs que nous sommes des destructions que nous opérons sur les lieux, les milieux et bien évidemment sur notre propre existence.
La Chambre des mémoires à-venir, c’est un dispositif philosophique et hypnotique pensé pour s’enfuir du statuquo, une échappée belle, mais aussi une ode à la transgression, vestige d’une lucidité post AI, post digital, de ce qu’il nous reste, de la vulnérabilité des attitudes face aux puissances de calcul anthropomorphiques.
« L’architecture, c’est aussi le droit de désobéir, et pas simplement un assemblage de composants industriels, ce que le Bauhaus nous a malignement légué. »
S’agit-il de votre première production du genre ?
François Roche : Ce n’est pas la première fois que l’on utilise l’hypnose. Mais c’est la première fois en France que l’on se rend dans des lieux interdits. C’est ce que j’ai fait pendant 10 ans à Bangkok et ses innombrables cadavres-exquis de bâtiments non finis des années 1990, de maisons-dominos jamais achevées. Avec New-Territories_S/HE, on a toujours travaillé sur le rapport à l’éphémère, à l’architecture qui meurt, à la situation…
En 2001, par exemple, on a essayé de faire à Bangkok une installation qui attirait par électro-statisme la pollution de la ville, principalement liée au dioxyde de carbone. On avait fait des tests d’accumulation de salissures, pour voir comment l’agrégation de salissures devient la chair d’un motif et par là même rend compte de quelque chose qui est de l’ordre de l’invisible, de l’ordre de la respiration. Car non, le territoire n’est pas seulement de l’ordre du visible. C’est aussi le chimique, la psyché, la subjectivité. Le territoire du conscient et de l’inconscient.
En quoi les souterrains de la Défense sont-ils, à vos yeux, un espace si particulier ?
François Roche : On a voulu produire dans un lieu inaccessible, un lieu que personne ne connaît, en marge, mais qui néanmoins renifle les contradictions et l’autorité pompidolienne. Entre les derniers bidonvilles « bottom-up » et la mainmise incestueuse sur un urbanisme « top Down » – et « Play time » nous dit Tati. Nous nous glissons dans une fissure du temps, au creux de résidus infrastructurels, poussiéreux et sombres, adossés aux fondations de l’idéologie progressiste qu’il nous plait de désaliéner, voir juste d’égratigner.
Vous opérez sous un avatar « anti-autoritaire », agenré, non-binaire, indéfini. En quoi ce projet lui fait écho ?
François Roche : Notre approche « sans la voie du maître » a quelque chose à voir avec cela. D’une part, je n’existe qu’au travers d’une entité hermaphrodite, trans-genre depuis le milieu des années 1990, S/he, dont je ne suis que le secrétaire particulier. Mais aussi au travers de celles, ces entités qui hantent les sous-sols de la modernité et qui nous parlent du droit à l’erreur, consubstantiel à l’être humain et à son épigénétique, loin de l’obsession performative et de l’expertise carnassière de nos sociétés managériales occidentales. L’idée, c’est de prendre le risque de créer quelque chose dont on ne connaît pas encore la nature, et de le découvrir comme un artefact, une hétérotopie…
« Faire la ville, c’est penser le risque d’être un humain aux creux des contradictions et absurdités contemporaines, aux creux de sa violence d’état. »
Vous avez déployé une palette vertigineuse de technologies pour cette installation. Comment avez-vous procédé ?
François Roche : C’est intéressant parce que mon rapport aux technologies est toujours d’en gommer l’existence, dans le sens où je ne souhaite pas laisser penser qu’un élément ait pu être pensé par une logique de logiciel… Je ne veux pas que l’on ressente la signature de l’outil, ni la dépendance vis-à-vis de ceux qui l’ont produit, quitte à flouter les mécaniques productives et les intentions. L’objectif, c’est que l’on ne perçoive pas ces multiples plateformes de 3D, de 2D, de mapping, toutes ces mises en relief nébuleuses réalisées avec de l’IA afin que l’objet puisse exister sans fétichisme technologique. Personnellement, j’ai pour ambition de faire en sorte que l’analogique, l’organique, de vortex et de vents solaires, de rapports humains de l’ordre de la dispute (examiner, débattre et se quereller), ne soient plus otages du digital, mais ouvrent les « portes de la perception » et des savoirs.
Nous vivons au sein d’une époque où de nombreux artistes, via le numérique, tentent d’imaginer la ville du futur, fantasment ses multiples possibilités. D’après quoi, à quoi ressemblera notre devenir-citadin ?
François Roche : Je suis intéressé par la justice territoriale et sociale, par le fait que la ville ne soit pas condamnée à être planifiée par des experts en goujaterie, architectes ou urbanistes. Que le discours puisse ne pas être conventionnel, puisse être rageur, souffrant de ses colères et de ces protestations. Je suis émerveillé par la capacité de résistance-résilience dans une structure technoïde et politique extrêmement autoritaire. L’architecture, c’est aussi le droit de désobéir, et pas simplement un assemblage de composants industriels, ce que le Bauhaus nous a malignement légué. Faire la ville, c’est penser le risque d’être un humain aux creux des contradictions et absurdités contemporaines, aux creux de sa violence d’état.
Quel message ou type d’expérience vouliez-vous proposer aux visiteurs en les immergeant dans cette installation ?
François Roche : La Chambre des mémoires à-venir est un miroir déformant de nous-même, une schizophrénie à trois voix, en même temps qu’une séance d’hypnose. C’est un shoot à la DMT MeO5, pustules du crapaud Buffo que les Indiens du people Seri s’envoient dans le nez pour conquérir les limbes. On aura la gueule de bois, je pense, en sortant de là. Je ne veux pas que ça se réduise à de l’entertainment. La société du spectacle n’a pas besoin de nous, et inutile de l’alimenter en mode green washing et immersion lobotomisée pour toute audience. La Chambre des mémoires à-venir, c’est plutôt un plaisir triste, une forme de mélancolie toxique, réservée au plus de 16 ans.
Cette gueule de bois, donc, je l’ai eue quand je suis rentré en France, avec ses injonctions morales, policières, éducatives, sécuritaires… et je veux la transmettre ad nauseam, après une décennie de vie et de production en Asie dans les slum de Bangkok où ça sent bon l’essaim, pour reprendre la métaphore de Rimbaud sur la Commune de Paris. L’idée, encore une fois, est de suggérer via cette nébuleuse d’entités visqueuses, aux lisières de l’hypnose, le vide abyssal des limbes qui nous submergent déjà.
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Dialogue Digital Entities
Petrophytis = Pe1 et Pe2
Une créature à la fois minérale et végétale qui transforme régulièrement la pierre en corps vivant et qui transforme son corps vivant en pierre.
C’est quelqu’un qui inverse le dynamisme entre le sol et la plante. Une plante qui devient sol en permanence et qui, à partir de ce sol, se réengage.
Elle est très vieille et androgyne.
Elle a plusieurs personnalités et plusieurs voix sortent d’elle. Parfois ces voix disent la même chose, parfois elles se chevauchent et on ne comprend pas vraiment ce qu’elle dit.
Photogaia = Phl
Elle est une sorte de soleil pétrifié ou une sorte de pierre comme énergie absolue. C’est une sorte de fusion entre une planète et une étoile. Son corps ressemble à une micro-puce géante de forme plus ou moins circulaire.
C’est l’équivalent du cerveau de la Terre. Il dira les choses les plus sages des trois. C’est elle qui est finalement capable de lire et de démasquer le public.
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(dialogue avec indication de jeux_ Actrice des trois voix Laura Benson _ voix naturelles, non digitales)
Pe1 (d’une voix rauque et très grave, très lentement) = Où sommes-nous ? Mais surtout -dans quelle étrange période du temps nous nous trouvons ? Attends… nous avons été catapultés des siècles en arrière. On se croirait au milieu du 21e siècle…
Pe2 (d’une voix plus jeune) = Oui… où sommes-nous ? Ça a l’air d’être un endroit sale et moche. Des formes si… (dégout) On devrait voir un ‘’grand verre’’ qui raconte des histoire… J’ai l’impression que… (il se cogne sur l’écran) Ahh…….(il reprend ses esprits)…. Pourtant, ils avaient disparu depuis des millions d’années….
Ph = Nous sommes dans un glitch, un miasme topologique, … glissement de date et de lieu…. ici c’est 202… dans les sous sol d’une sorte de… fantasme techno-positiviste, la… juste au dessus…
Pe1 = un glitch… une erreur de programmation…ehhhhh…..tu les vois….(en se tournant vers le public humain…ouvrant les yeux lentement…et se retournant vers Pe1) Ce sont clairement des erreurs… Non ?
Ph = Ceci n’a pas l’air d’être une illusion (à voix basse) c’est bien la branche des homo-machin. Une admirable combinaison de puissance de destruction et de métamorphose larvaire…en voir autant …c est….
Pe1 = A ce stade ils doivent ne pas le savoir … Ou ils doivent se refuser de le savoir…. Ce ne fut pas une véritable extinction… une prolifération de leur intelligence dans toute autre forme de symbiose… une multiplication d’hybridation…(explicatif)
Pe2 = (il-elle interrompt Pe1) série d’anomalies, erreurs de codage…l’ADN c’est moi, …enfant qui n’arrête pas de désirer et délirer …
Pe1 = fuite d’ADN … hom-herbes sauvages, fembêtes, homfemmes et femdieux,….a la fois….ce doit être l’une des dernières générations de leur forme simple… et regarde… ils se reproduisent encore…
Ph = la nature n’avait pas encore intégré la réalité de ses erreurs pour y développer sa propre transgression…ses multiples vérités…/// C’était une manière de dépasser l’opposition entre la génèse d’une espèce et son extinction (voix interieure)
Pe2 = Chai pas…qu’est-ce que ça dit ça…hein …Petrophytis-Mère ?
Pe1 = Mais mon bebe, écoute tes souvenir pré-spécifiques, les résidus de ton cerveau reptilien, et….danse avec tes paranoïas…. tes peurs sont belles…tes angoisses sont du miel…la folie c’est notre matrice… je ne te l’ai jamais dit….Vous pouvez lui raconter ? Après tout, quel est votre nom ? Avec qui nous avons le plaisir de …….. ?
Ph = Photogaia. ///…. Alors…../// C’est un processus lent qui a impliqué toutes les espèces du passé. La vie a essayé de progresser par l’évolution pendant des millions d’années, mais ce processus était trop éprouvant. Et trop coûteux. Parce que l’erreur a été écartée, jetée, laissée à l’abandon. Et c’est alors qu’est née une vie capable de traverser toutes les erreurs.
Pe2 = Il n’y a donc pas de déchets ? Personne disparaît et personne meurt ? (interroge le public)
Ph = Exactement, mais cela signifie que personne n’est vraiment né. Nous sommes juste transformés, …………..(à voix basse) glissement des êtres en co-existence…..
Pe2 = Sommes-nous tous le même corps ? Sommes-nous tous la même chair ?
Ph = Presque. Nous sommes tous ensemble dans le sens où, si les erreurs sont toujours vraies, ce qui se termine est l’histoire. La différence entre le futur et la préhistoire. Et c’est ce que les êtres qui nous précèdent expérimentent…..
Pe1= C’est pourquoi ils ont l’air si stupides. Ils n’ont pas compris la vérité de l’erreur.
Ph = ne vous paraissent ils pas intelligents ? (debut proces / argumentation)
Pe1 = hmm
Pe2 = comme nous ?
Ph = Oui, sans aucun doute.
Pe1 = Pourtant, ils semblent très ignorants, et ils ont ….
Pe2 = …d’étranges croyances et des étranges moeurs. des divinités extérieurs à leur monde et qui meurent… (mots avalées) mais aussi….ah…. l’argent, sa fiction et sa dépendance… (condescendant)
Pe1 = ….…. incapables de s’auto-chiffrer-déchiffrer – de dépasser l’opposition entre vérité et mensonge… et ils tombent dans leur propre pièges… ils ne veulent pas se transformer……
Ph. = incapable de rire….faite venir ici un bouffon de cour. …nous verrons bien s’ils sont sensibles à la drôlerie… C’est le signe de savoir se transformer.. Le signe du fait qu’on connait l’identité entre vérité et erreur… Le rire…. hybride…
Pe1 = le rire le rire… oui….oui….spontané ! l’idée excellente ! Les fous ont tous les droits, non ?.
Pe2 = hmmm ils font la gueule…non!
Pe1 = Bonjour Toi ? (en se retournant vers les ”humains’)… mon petit gnome génome, désoxyriboprimitif, adenosive, sitinine, tymiditine, dont tu ignores les potentiels de mutations….…sais tu t’auto- programmer mon chérie… ?
Silence…
Pe1 et Pe2 = (qui se tourne et revient vers Pe2)… apathiques !
Ph = … antipathiques (tres bas comme une confidence… )
Pe2 (…..Borborygmes …. suivi de leur language entre eux / mix Summerien-Akkadian)
H pesh dish esh mimo ia homo selim macaled kekabichan kapu kchaley shipu kakurapu sorolmash gula dilgan u rikis nunni , Enlil lugal kurkurra abba digirdigireenke inim ginanita ningursu Sarabi ki ensur…..es gana bera kiba na biru us ensi nm-make nam inimma diridirise eak ….Masauqe q iiidou necte monai quede cha chomamosomo saqsa trou me ma mo somo bouree O marra mounou musina qure malan maison saque, reque re le le vie lou meme oune sae ou roule lapanu, se se se ou qui….li mou chrri…arbres cham me, ou quou pas tou ale, ad renicha , chaoulatoupachic
Pe1= (en se retournant a nouveau vers les spectateurs___ à la fin de la tirade de Pe2…..il fait des grimaces et de lents…cris d’animaux…elle va de leur langage a la catatonia…. plantes, bestiaires avec mouvement le ta tète / cela dure….. un temps long…. Parfois immobile… parfois gesticulant)….particule qui vomissent dans tous les sens…et qui finit dans une ode à la melancolie….son aigu…(cris de Baleine !) / / hypnotique… lent…. Pendant ce temps P2…se met en léthargie…sa tête devenant un guignole de chiffon qui bouge au rythme de P1, qui se laisse bercer par les secousses et les vagues de ses mouvements et complaintes)…Mémérisé par un son…psychédélique-hypnotique de 1-2 mn…Chant de Moldoror…
(…… temps long…création sonore psycho….lente et atonale)
Ph (sorte de réveil…sortie de la torpeur mais en mode désabusé) ahhh ….Mais ceci n’est pas une farce ! Nous parlons d’un peuple qui souffre et qui meurt ! d’un vrai peuple… bien que disparu, lignée perdu, branche pourri de l’évolution, homo __ sapiennn……il n’en sont pas moins…
Pe1 = Ce qui vous embarrasse, c’est que vos humains n’ont même pas souri ! Ils n’ont pas desserré les lèvres ! Ils ne se sont pas transformés….
Pe2 = si si…..ils ont sourit….un peu…je les ai vu….moi pas … bouffon de mere (en fait lui-même) pathétique (rire affectueux à son double siamois) … love yu-me-yuuuu !
Ph = Vous voyez bien : Une culbute cela n’a rien d’universel….et ….Ils ont peur, il ont peur de leur métamorphoses.. ils ont peur de leurs erreurs (très lent/ la connection ‘modem’ se perd…ils ont peur en echo lointain… au loin et disparaissent…)
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Le 29th Septembre_cessions 14h30 et 15h10_Performance ”the last GlitchS” Mika Tamori, artist / Japon. Billets HERE
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New-Territories _ Paradigms