Sur I've heard about Polémique franco-française en 9 épisodes / textes issus du site http://www.archi-art.net Retranscrit ci-après par ordre chronologique décroissant (meilleur texte le 8, ndlr)
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9) Posté par alain masset, étudiant - 2006-12-28@11:14 - ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
8) Posté par alain George - 2006-11-10@17:43
[A.N.S. suite] Pourquoi R&Sie
(n) et autres cybernéticiens de l’architecture [cyberarchitectes]
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Il y a quelque chose comme un faux procès. La critique que vous formulez à l’encontre de R&Sie(n), en écho paraphrasé de l’ouvrage de Céline Lafontaine sur la Cybernétique, me semble à ce point inappropriée, que j’ai le sentiment paradoxal qu’il s’agit là d’un tir volontaire et tendu, comme on dit dans le langage de la répression, mais volontairement à coté de la cible ! Les applications robotique chez Renault-Peugeot-Citroën ne sont pas la poursuite du Golem bio-mécanique assoiffé de pouvoir, miroir anthropomorphique visible chez Philip K. Dick / et son "Do Androids Dream of Electric Sheep". L’application robotique de "I’ve heard about", n’est pas non plus une sorte de rêve cauchemardé retro-futur qui substituerait une aliénation programmatique et managériale à la liberté d’Etre, elle, auréolé d’individuation, de libre arbitre et de conscience politique... La spéculation « I’ve heard about », pour y être allé moi-même, n’avait pas grand-chose à voir avec les effets collatéraux issus des travaux sur l’intelligence artificielle comme ceux de Turing : l’homme se mesurant à une machine crée par lui, une machine qui n’aurait de cesse de lui ressembler, de l’imiter, pour mieux l’asservir... cet homme construisant par là son propre reflet comme le rabbin Loeb à l’origine de la légende du Golem, et plus tard de sa Frankenstanisation pour mieux s’y suicider...ces visions ont fait les beaux jours de la black Utopia, et alimentent encore le concept de Conspiracy US...du complot planétaire...de la grande peur du Big Brother. Contradictoirement, ce n’est pas tant ce « grand frère » qui aliène aujourd’hui l’individu que la peur, le sentiment de peur instrumentalisée par ceux qui en font commerce...et en tirent les bénéfices. « can a machine think ? » n’a rien à voir avec « I’ve heard about », l’un serait même l’antidote de l’autre. Je vous engage à lire le « Protocole social » tel qu’il a été émis et visible sur leur site http://www.new-territories.com/I’veheardabout.htm ; Ce qu’il sous-tend serait plus proche des travaux d’Ilya Prigogine, et de sa théorie sur l’auto-organisation des systèmes liée aux déséquilibres entropiques, qui ne peuvent être définis ou plutôt approchés que par des calculs statistiques, de probabilités et donc d’incertitudes, rien à voir donc avec la Cybernétique ou du moins celle décrite et analysée par Celine Lafontaine. Par ailleurs, la manière dont vous réfutez le mode spéculatif de cette exposition/recherche pour lui opposer le mode prospectiviste, qui lui serait seul valide, me semble pour le moins suspecte. De Thomas More à P.K. Dick, jusqu’au Cyberpunk, le mode spéculatif a toujours émis la possibilité qu’une hypothèse soit différente mais néanmoins vrai en temps réel, ici et maintenant, et non en temps différé, projeté dans un futur, proche ou lointain. Ce mode spéculatif, en simultanée, a été et reste encore l’un des procédés politiques les plus pertinents pour se de-pathologiser, se de-romantiser, se dés-aliéner de la dimension religieuse / et de son corolaire puritaniste et autoritaire / des pensées progressistes, prospectivistes. Les pensées "modernes" ont abusées de cette schizophrénie entre prédictions d’un système idéal, et conditions aliénantes, modus operandi misérables. Le second serait l’antichambre du premier, le mal nécessaire avant la lumière ! Que R&Sie(n) prennent la tangente, se libère de ce prospectivisme, et doute de la dernière marotte du système post-capitaliste, du moins tel qu’il est énoncé via le "Développement Durable", pour se concentrer sur une hypothèse bio-organisationnelle, me semble une parole singulière que l’on ne peut si aisément balayer, comme vous le faites avec dédain. Certes les réponses de François Roche, ci-dessus, sont un peu courtes, voir abscons, mais la recherche qu’ils ont menés, en détournant, si j’ai bien compris, les fonds d’un Centre d’Art, le Musée d’Art Moderne, pour l’élaborer et la financer, est une chose rare voir unique dans le paysage Français. En tant que jeune diplômé, même si je ne souscris pas à l’ensemble de leur attitude qui me semble parfois empruntée de rébellion adolescente, je ne peux m’empêcher de reconnaître comme vous le dites si bien que « S’il n’existait pas il faudrait le ou les inventer », R&Sie(n) me donne encore envie de croire que l’architecture est un (en)jeu digne de modifier notre paysage, réel et/ou mental. Alain George, Rouen
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7) Posté par gilbert martier - 2006-10-26@16:58
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Pourquoi R&Sie (n) et autres cybernéticiens de
l’architecture [cyberarchitectes] ...
seriez vous cher Louis, le putbull abimé et muselé dont parle François Roche ? Difficile de comprendre ce que vous voulez dire exepté cet aboiement plaintif ... Gilber Martier, étudiant en 5 eme année
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6) Posté par louis - 2006-10-23@15:10
[A.N.S. suite] Pourquoi
R&Sie (n) et autres cybernéticiens de l’architecture [cyberarchitectes]
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convoquer zizek pour donner un poids théorique à une insulte
ça résume la portée de l’effort de théorisation r&sien,
françois on a envie de te dire fais tes trucs, vis ta gran
vida à ny mais le baratin c’est bon quoi
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5) Posté par R&Sie(n) / New-Territories / http://www.new-territories.com / Francois Roche - 2006-10-22@12:33 -
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Pourquoi R&Sie (n) et autres cybernéticiens de
l’architecture [cyberarchitectes] ...
..........écriture automatique sur un évènement en différé.... Vu la bêtise insondable et prétentieuse de vos propos parachevés par un certain Jac Fol...au summum du dégoût qu’il doit avoir de lui même...Vu quelques précieuses ridicules, déchues de leur fonction de nuisances et encagées dans ce qui simule encore être des écoles d’architecture, franco française...vu quelques références en poche, des citations de lycéens, mal assimilées, un engagement de creissel et de papier, sur l’autel de l’agite prop egotique.....vu toutes ces convulsions pour s’anoblir sur la pensée de ceux qui prennent le risque d’une parole, d’une chose inédite.... j’ai honte , honte du symptome de profs inquisiteurs et habiles que vous semblez être, mais plus encore, j’ai honte et peur de ce que vous cachez, de votre arrière boutique : il vous faut des victimes pour parader, pour "dis-courir" : Aller les chercher au creux même du milieu le plus asservi, aliéné et abruti, justement celui des écoles d’architecture, substituant votre autorité de père la morale à celle de père libertaire-fouettard, elle, dejà en place : ne serait ce pas le premier symptome d’un acte déliberement délictueux ! Les criminelles comme vous sont légion, ils inondent l’espace de leur suffisance et diabolisent, disqualifient et finissent par nécroser tout ce qu’il ne peuvent pas contrôler, de peur de perdre leur "magister"... Zizek nous parle d’eux comme les Bouffons, sorte de compensations légitimes et réciproques du cynisme du système...criminels au sens ou ils simulent un actionisme pour s’en drapper comme d’une plus value, exact miroir des plus values economiques du reçit monnaie : ces deux systèmes sont siamois et simultannés, ils ne coexistent pas, ils se génèrent et régénerent ensemble/ Porto Allegre et Davos... La troisième voie, la "bonne distance", c’est autre chose... c’est autrement plus risqué... de cela vous avez peur... une peur panique, enfantine et infantile, peur de ne jamais aller défricher ce que préalablement vous n’auriez pas ghetoisé et formatté...mais de cela il n’y a pas à s’entretenir avec vous, nous n’avons pas à répondre sur un contenu (vos textes)dont nous dénions la pertinence... Je m’attends hélas à une deflagrations de proses de votre part, via un pitbull dressé pour mordre, via un étudiant que vous aurez definitivement abimé, je m’attends à ce que vous invoquiez les dieux grecques, les pythies contemporaines, pour que vous deformiez, alteriez, corrompiez la pensée afin d’arranger vos petites affaires privées... 1)Pour information "I’ve heard about" a reçu l’award Feidad 2005-06 2)Nous vous laissons corriger l’orthographe de ce texte, c’est bien la seule tache que vous êtes en droit d"executer" NY city / 22 Octobre 2006 New-territories / R&Sie(n) François Roche, architecte, Paris 2006-07, Professeur invité à la Columbia, Studio de recherche, New York 2006, Professeur invité à UPenn, Studio de Recherche, Philadelphie web : http://www.new-territories.com
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4) Posté par Jac FOL - 2005-09-5@16:11
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cher j.a., TRÈS VITE ET SANS ATTENDRE quelques points d’ironie immédiats, Je vous lis : "Lorsque je visionne le film Blade Runner, je ne m’inquiète pas spécialement de l’état d’âme de la jeune cyborg le jour ou elle prend conscience de ce qu’elle est, mais plutôt je m’interroge si je ne suis pas suffisamment conditionné pour n’être finalement qu’un cyborg malgré moi." Votre phrase me sidère : vous excluez a priori de partager quoi que ce soit, notamment de l’état de son âme, avec la troublante cyborg. En fait, vous vous prenez pour le sujet du film, inquiet de votre condition et "épargné" du sujet du film : précisément l’âme des cyborgs et la capacité affectivo-attractive des machines humanisées, ou, si vous préférez des proximités machiniques, obsessions de PKD. La scène poignante du cyborg mourant interprêté par Rutger Haueur où il dit "sa" perte [humaine] expérimentale, par exemple, l’intransductivité de ses vues, n’est pas fortuite ! Bref, sans très bien saisir ce qui vous sert dans cet exemple, et, encore moins (cf. ci-avant) votre projection, je ne suis pas non plus le devoir de s’incliner vis-à-vis d’une réussite à l’exportation. En l’occurrence, je vous encouragerais tout d’abord à mieux appréhender les composants de la dite-réussite, ainsi que la tartufferie d’un déni des institutions apparemment accueillantes. Et puis, merci aussi de me faire part de ce que vous pensez de l’exportation "réussie" de technologies diverses, dont militaires, et des versions plus ou moins drôles, par exemple, des amitiés franco-chinoises. attentions durables jf
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3) Posté par Sebastien MANIGLIER - 2005-09-5@14:37
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Une réponse qui malheureusement trahit une volonté de vouloir toujours échapper au présent, à l’ici et au maintenant, au visible, à ce qui ne peut-être truqué, ni romancé, au nom d’une prétendue prospective qui amalgame science//fiction//réalité. La réponse convoque le XIXe pour non confondre avec un discours pro-étatique, un contre-sens comme le témoigne notre bibliographie, et une façon peut-être d’éviter soigneusement le répertoire multitudes très largement convoqué dans nos écrits qui partent justement de la faillite de l’Etat et des institutions pour comprendre la généralisation des pratiques, des discours et des tactiques du management dans la conception architecturale. La réponse convoque l’exportabilité de F. ROCHE, certes, mais nous attendions des réponses sur l’exposition présente, parisienne, qui sauf erreur, n’est pas la première financée en France. Comme quoi, une critique institutionnelle bien gérée n’interdit en rien la captation nationale et internationale des financements. Peut-être en manque d’arguments sur le fond du texte, la réponse laisse entendre qu’archi-art serait un groupuscule dogmatique, certainement très hiérarchisé et fermé, en commentaire au jeu de mots « R&SieHERESIE ». Encore une contre-vérité qui dénote d’une méconnaissance d’un dispositif construit sur des forums numériques d’enseignements et étudiants et de manière coopérative avec des universités et académies aux Pays-Bas et en Belgique. L’historique d’archi-art montre la constitution progressive d’un dispositif numerique_physique horizontal qui a produit des résultats tels que : Pauvre pédagogie/pédagogie pauvre - Jan Masschelein Tirana/Leuven, avril/mai 2004, en somme un projet non pas imagé ou théorisé mais en vie. archi-art pro-étatique donc, et pourquoi pas pro-institutionnel, pour se convaincre de l’aberration de cette acception qui permet de ne pas répondre sur le fond, il suffira de s’amuser à comparer le manifeste NEA avec un autre « manifeste » signé F. ROCHE, comparaison qui parlera d’elle-même sur la dépendance institutionnelle (dont financière) des uns et des autres pour développer l’activité. La réponse s’interroge sur les dispositifs horizontaux et annonce qu’il y aurait beaucoup à écrire, ignorant apparemment la pile de littérature sur le sujet, à commencer sur Multitudes. Nous avons formulé le texte qui interroge la récupération des technologies cybernétiques, non pas pour expérimenter des dispositifs ancrés sur le terrain, autorisant une ouverture citoyenne ou participative [dont nous montrerons dans des textes publiés ultérieurement comment ils peuvent aussi constituer le terrain des pratiques managériales de contrôle] mais pour asseoir une maîtrise et un contrôle parfait de la captation des flux, constituant l’outil nécessaire du management, bras armé du capitalisme avancé. Cette critique est risquée bien sûr, puisque nous nous exposons aux foudres des managers qui maîtrisent parfaitement toute la rhétorique « chewing-gum » [LE GOFF, La Barbarie Douce] cousue de contradictions, contre-vérités et amalgames pouvant nous faire passer pour des archaïques conservateurs, comme si il suffisait de convoquer et maîtriser l’imagerie fluide de la cybernétique pour lui conférer une puissance politique ascendante, celle des multitudes qui sans doute, n’auraient pas grand chose à voir avec les hochets scientistes. La réponse dit : « Lorsque je visionne le film Blade Runner, je ne m’inquiète pas spécialement de l’état d’âme de la jeune cyborg le jour ou elle prend conscience de ce qu’elle est, mais plutôt je m’interroge si je ne suis pas suffisamment conditionné pour n’être finalement qu’un cyborg malgré moi » merci pour cette remarque qu’il s’agirait en effet de creuser pour comprendre notre vision de l’exposition que nous critiquons : « De l’homme au cyborg : processus de mutation de l’Homme-citoyen à l’Individu-consommateur » par Sebastien MANIGLIER, 5 décembre 2004 Finalement nous ne formulons non pas une critique du libéralisme ou du capitalisme, mais une critique de la critique du capitalisme. Car, sans doute plus grave que la crise institutionnelle et la faillite de l’Etat, nous assistons à la faillite de la critique du capitalisme. Emerge alors une catégorie d’architecte qui se dédouane de toute mission publique et de tout compte à rendre à la société, et d’une catégorie d’artiste qui se dédouane de tout engagement critique par rapport à la société qui l’emploie, puisque son employabilité semble l’objet de ses préoccupations. Toujours dans la fuite en avant que cela suppose, tout deux ne se retrouvent pas sur le terrain des immeubles qui brûlent, sans doute la prospective commencerait sur le terrain du logement social, mais dans les salons confortables à mater de la science-fiction entre amis. L’architecte-artiste est un hybrique. Nous ne saurons trop conseiller l’ouvrage de L. Boltanski et E. Chiapello Le nouvel esprit du capitalisme, dont un petit « digest » est disponible sur le Net : Le capitalisme à la sauce artiste par Anne Querrien, Mise en ligne le jeudi 3 juin 2004 La réponse souligne l’intérêt prospectif de « I’ve heard about... », entretenant l’amalgame entre science-fiction et prospective. Alors que l’on nous réponde simplement sur l’opérationnalité de la méthodologie urbaine prospective développée dans l’exposition et sur les garantie qu’elle offre en terme du durabilité. Pour finir et ouvrir sur des terrains plus ensoleillés... « La plage n’aime pas penser, n’aime pas parler. La torpeur bronzagère (« c’est les vacances »), la banalisation (« personne ne fait attention ») et l’esprit de tolérance (« chacun fait ce qu’il veut »), combinent leurs effets pour renforcer le silence. P 73, J-C KAUFMANN, Corps de femmes, regards d’hommes, sociologie des seins nus Langue de bois, amalgames, contre-vérités, attaques plus ou moins légitimes sur la forme, en réponse aux observations sur les contenus, le débat ne semble pas souhaité, nous aurions pourtant aimé comprendre ce qui nous aurait échappé.
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2) Posté par Jérôme AUZOLLE - 2005-09-4@21:51
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Pourquoi R&Sie (n)
et autres
cybernéticiens de
l’architecture [cyberarchitectes]
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Juste une réaction, en tant que lecteur. R&SIE = Hérésie nous dit-on. Pourquoi pas ? Mais pour qu’il y ait hérésie, il faut donc qu’il y ait des hérétiques, et une église pour les stigmatiser. Seriez-vous, archi-art, les représentants de cette église ? Parce que votre texte, ressemble à un hymne à l’Etat, façon XIXe. En soi, pourquoi pas ? En tout cas, c’est une hérésie qui s’exporte, et il y en a pas beaucoup en ce moment en France. L’église a brûlé beaucoup de monde pour cause d’hérésie, on connaît la suite de l’histoire. Méfions nous du dogmatisme à l’encontre de toute forme de pensée qui dérange, à une époque ou nous ne débordons pas spécialement d’initiatives intéressantes, ( entendez bien : qui trouve grâce au delà de nos frontières.) Lorsque je visionne le film Blade Runner, je ne m’inquiète pas spécialement de l’état d’âme de la jeune cyborg le jour ou elle prend conscience de ce qu’elle est, mais plutôt je m’interroge si je ne suis pas suffisamment conditionné pour n’être finalement qu’un cyborg malgré moi. Je trouve intéressant dans cette exposition le principe de prospectives, mais finalement aussi, de représentation questionnement, autour de systèmes organisés. Actuellement je connais deux systèmes d’organisation de la “Cité” chère à Platon, ( La Cité ; étant un modèle idéal d’organisation politique d’êtres vivants ensembles. ) Un modèle vertical basé sur l’autorité et l’acceptation consentie de la soumission à cette autorité, une sorte d’accord tacite qui place l’Etat au dessus. Un système horizontal, comme internet par exemple, mais qui existait sous de multiples formes avant ; comme : les flux financiers, les médias et autres déluges informationnelles à caractère publicitaire, etc. Ces systèmes sont ils voués à s’affronter ou a coexister ? Il y a sans doute beaucoup à écrire la dessus. La critique de “l’incertitude” qui serait un poncif “libéral” me semble, mais peut être suis-je un lecteur étroit, justement une défense à peine déguisée, d’une société de “certitudes” que, curieusement, seule l’autorité d’un Etat peut assurer. ( La soumission à l’autorité permet d’éviter tout questionnement, puisque la vérité est édictée et assurée par l’Etat. Au prix de la guerre si c’est nécessaire.) Il se trouve que, aujourd’hui, face à la montée des réseaux, mais aussi à l’effondrement ; des frontières, des notions de nations ; c’est le rôle des Etats, dans les systèmes complexes qui se mettent en place, qui est remis en cause, sans révolution, mais par la force des choses tout simplement. Par exemple, Au delà d’un rôle de Police “régionale”, à quoi servent les Etats-nations, sur Internet ? Pour finir vous dites : “ les architectes-artistes surfent sur la complexité de la société orientée par le prisme libéral,” fdc Les auteurs, à ma connaissance et sans les connaître spécialement, ne se revendiquent pas comme architectes-artistes, pourquoi les dénommer ainsi ? ( au fait pourquoi un site nommé archi-art, reprocheraient à F&SIE d’être des architectes-artistes ? que mettez vous, comment définissez vous un tel programme : archi-art ? ) J.A
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1) par Sebastien MANIGLIER, 27 août 2005 [A.N.S. suite] Pourquoi R&Sie (n) et autres cybernéticiens de l'architecture [cyberarchitectes] sont les nouveaux managers du capitalisme de guerre Après la visite de "I’ve Heard About...", il nous semblait impossible de ne pas apporter quelques sérieuses mises au point contradictoires aux effrayantes histoires que l’on nous compte dans cette exposition qui sent le recyclage richement financé par l’institution d’une production délirante des architectes de l’Empire cybernétique. Au-delà de la pauvreté artistique qui dénote particulièrement avec la richesse d’un lieu remarquable, nous allons voir ici, point par point, ce qui se joue précisément dans ce guet-apens pour un public médiatique, aliéné volontaire d’un monde totalitaire. L’occasion aussi pour nous de faire le point sur l’état de l’efficience des pratiques managériales dans le contrôle machinique de la pensée et de la conception architecturale. Tirons de notre bibliothèque un ouvrage qui fait le point : L’empire cybernétique, des machines à penser à la pensée machine de Celine LAFONTAINE. LA CYBERNETIQUE, UNE MATRICE MILITAIRE EFFICIENTE Céline LAFONTAINE commence son ouvrage en nous rappelant le contexte précis de l’émergence de la cybernétique qui en fonde de manière structurelle les enjeux : "Au-delà de sa généalogie épistémologique, la cybernétique est d’abord et avant tout un rejeton de la Seconde Guerre mondiale. C’est en effet au cœur des entrailles technoscientifiques de cette guerre que son projet a germé." [p 33] Ce contexte permet de comprendre les répercussions contemporaines sur le plan épistémologique, scientifique, technique et idéologique des origines militaires de la cybernétique. Pour C.L, c’est dans cette origine que "s’enracine son nouvel humanisme qui, en dépit des convictions de son fondateur, s’avère à la source d’un profond anti-humanisme" [p 33] C.L. souligne que les fondateurs de la cybernétique en participant activement à l’élaboration d’une véritable machine de guerre s’inscrivent pleinement dans le contexte de la guerre froide où les scientifiques travaillent à plein rendement pour asseoir la puissance militaro-industrielle qui en fera par la suite la première puissance mondiale avec les dérives colonialistes contemporaines que l’on connaît. La cybernétique est une machine de guerre, son ennemi : le genre humain. Le concept de cyborg est lui-même un pur produit de l’imagerie militaire issue de "la déshumanisation de l’ennemi qui correspond à la fusion opérationnelle liant le pilote à son engin". [p 35]. Il s’agit bien d’une tentative de désincarnation de l’homme et d’une tentation à la fusion homme-machine que ne cessera jusqu’à aujourd’hui de promouvoir le management au travers du culte de la performance où les corps seront contrôlés et contraints pour atteindre des résultats bien au-delà des limites physiques et des capacités d’absorption de la planète, mais atteignant à peine le seuil de survie d’un capitalisme avancé. Pour illustrer la dissociation de l’assignement à la performance aux capacités du corps biologique, prenons l’exemple de la nouvelle affaire de dopage qui vise L. ARMSTRONG , et qui montre que l’enrichissement des régies publicitaires conséquentes au score d’audience prévaut sur les valeurs du sport et la santé des sportifs.
Cette désincarnation du corps fonde les principes théoriques de la cybernétique. "Loin d’être les seuls à poser les jalons théoriques de la cybernétique, les travaux de Wiener s’inscrivent dans un large champ de recherche militaire où la communication devient la problématique centrale et le soldat l’archétype du cyborg" [p 36] C.L. nous rapporte les notes de cours au Collège de France de Merleau-Ponty qui "considérant la cybernétique comme une ’pensée à la fois extrêmement matérialiste et extrêmement idéaliste’ a bien saisi la logique d’’ontologisation’ de la machine qu’elle sous tendait [...] Les machines cybernétiques, en niant la spécificité du vivant, deviennent leur équivalent. Conçue et fabriquée par l’humain, la machine se détache ainsi de l’humain pour s’imposer comme un nouvel état de nature : ’L’artifice est nié et posé comme une nature. C’est un retour de la nature, comme il y a un retour du refoulé chez Freud.’" [p 56] L’exposition "I’ve heard about... (c)" explicite de manière synthétique ses propos et montre comment les architectes-artistes surfent sur la complexité de la société orientée par le prisme libéral, à la manière d’un F. ASCHER, qui lui, fonde davantage un management ancré sur les terrains, pour naturaliser l’outil de domination du corps biologique "La structure urbaine I’ve heard about... © est un organisme habitable. Elle s’élabore à partir des scénarios transitoires, dont l’incertitude est le mode opératoire . Elle s’écrit à partir de scripts de croissance ouverts qui restent perméables aux énonciations humaines en temps réel (individualismes, modes relationnels, conflictuels, transactionnels), mais aussi aux données plus discrètes - telles les émissions chimiques de ceux qui l’empruntent." Soulignons que le mot "incertitude" qui se veut vertueux, et que l’on retrouve sur le chemin de l’ultra-libéralisme pavé de bonnes intentions, apparaît à la lecture de F. ASCHER dans principes du néo-urbanisme et à la lecture d’un BOLTANSKI ou d’un LE GOFF, selon une acception qui souligne, non pas la nécessité d’une humilité [MORIN], ou du ménagement d’un espace-temps pour de la conciliation durable, mais davantage la nécessité de l’adaptabilité "en temps réel" du capitalisme aux fluctuations du marché, pour récupérer instantanément les formes organisationnelles des établissements humains émergents afin d’en capter les flux. Le management des cybernéticiens mis en œuvre dans "I’ve heard about... ©", nie le corps biologique pour naturaliser des dispositifs artificiels, tout en prônant le discours marketing et démagogique de "l’urbanisme à la demande", ultime mensonge marchand autorisé par l’esthétique fluide d’une pensée malléable. L’approche marketing par "scénarios" des architectes est similaire à l’approche par les études de marché des promoteurs ainsi encouragés à ne plus s’embarrasser de la matérialité d’un corps biologique et d’un être subjectif. Le management repose sur une dénégation du corps biologique et du vivant. LA CYBERNETIQUE AUTO-LEGITIMEE PAR LA PENSEE COMPLEXE POUR NOYER LES ENJEUX HUMAINS DANS UN OCEAN DE DONNEES Si nous reconnaissons par ailleurs l’intérêt des théories de la pensée complexe, comme dans les travaux d’Edgar MORIN, dont la dimension humaniste et éthique en fait un outil plausible pour appréhender des stratégies de développement durable intrinsèquement complexes, nous devons aussi souligner la filiation de la pensée systémique à la cybernétique comme mode de gestion, don de contrôle, des flux. C.L. apporte des éléments critiques qui montrent les limites des théories de l’action auxquelles on peut opposer les chemins sinueux et incertains de la poïesis [MENDEL, l’acte est une aventure] : "Le concept de retro-action (feed-back) constitue, aux côtés de l’entropie et de l’information, le noyau dur de la pensée cybernétique. Étroitement lié à la notion d’information, il désigne le processus par lequel celle-ci est assimilée et utilisée afin d’orienter et de contrôler l’action" [p 46] Le principe de retro-action est très largement développé par E. MORIN notamment dans Pour entrer dans le XXIe siècle pour montrer la nécessaire prise en compte des interactions entre passé - présent - futur dans une démarche prospective par exemple. Or il apparaît clairement que ce principe autorise aussi un contrôle à priori de l’action. Il est par conséquent convoqué par les méthodes managériales qui s’affirment de ce fait comme une technologie constitutive de la société de contrôle. Il s’agit bien de réguler les comportements par rétroaction : "Déjà en 1943 dans Comportement, intention et téléologie, Wiener plaçait au sommet de sa hiérarchie les comportements téléologiques [...] La faculté d’orienter et de réguler ses actions d’après les buts visés et les informations reçues correspondent en fait à la définition cybernétique de l’intelligence. C’est elle qui permet le rapprochement entre l’être humain et la machine. Possédant potentiellement les mêmes capacités d’apprentissage, les "machines intelligentes" participent au maintien de l’ordre social en assurant son autorégulation rétroactive. [p 46] Ainsi la cybernétique récupère le potentiel bio politique de l’homo communicans organisé en general intellect pour dissoudre sa puissance créatrice et subjective dans l’océan informationnel du cybermonde. "Transposé au niveau sociétal, les concepts cybernétiques induisent, comme on le verra avec Bateson, une représentation purement communicationnelle de la société. Devenue un immense système de communication, cette dernière n’existe qu’à travers les échanges informationnels entre ses membres. Constamment interreliés à son environnement social, le sujet est, dans cette logique, entièrement tourné vers l’extérieur. Il n’est plus considéré comme un être autonome, mais il devient, pour paraphraser P. BRETON, un simple "réacteur" sensé s’adapter à son environnement". [p 47] Nous retrouvons dans la cybernétique le moyen adapté d’une orthopédie immatérielle très largement mise en œuvre par les méthodes managériales où l’individu n’est plus qu’un être flexible qui doit réagir à des stimulis informationnels codés selon les attendus de l’action sollicitée. A ce titre, l’individu n’est plus qu’un "stade intermédiaire" dans un "courant continu". La cybernétique constitue l’outil communicationnel de contrôle comportemental du management. Le management, dont on verra plus loin qu’il constitue le bras armé du capitalisme ultra-libéral, vise plus loin que le contrôle sur les individus, restructurant au passage toute l’organisation tayloriste du travail. Il vise à prendre le contrôle sur la seule force qui peut lui être opposée, le politique. Et pour cela, le management réussit à imposer un modèle de rationalité vidé de toute intelligence sensible. Là encore la cybernétique lui est d’un recours essentiel pour formater l’esprit de l’homo-communicans et effacer les scories d’un homo-sentimentalis ou du citoyen. Le management repose sur une dénégation de l’homo-sentimentalis et de l’intelligence sensible. "Même si le père de la cybernétique s’est montré à plusieurs reprises farouchement opposé à l’asservissement de la science à des fins militaires, son projet de créer une "machine intelligente" s’inscrit dans la logique de contrôle technocratique propre à la Guerre froide. L’être humain s’étant montré capable des pires atrocités, la création d’une machine pleinement rationnelle porte l’espoir d’une gestion plus juste et efficace de la société. [p 50] C.L. nous rapporte plus loin les propos du Père Dominique Dubarle publiés en 1984 sous la forme d’un commentaire à Cybernetics présentant les machines à traiter l’information comme "les premiers grands relais du cerveau humain" permettant enfin de combler les lacunes de l’intelligence sensible. Pour le Père Dubarle, en confiant à ces machines le calcul et le traitement informationnel des banques de données, on pourrait gouvernement plus efficacement".
La tentation d’asservir l’homme à la machine est manifeste dans l’exposition "I’ve heard about... ©" qui en livre ni plus ni moins les scénarios annoncés comme réalisables. La machine est entendue sous trois acceptions focalisées sur la réduction des puissances subjectives et politique de l’homo-sentimentalis de l’individu-citoyen et de l’homo-communicans. Le moyen de cette action a un nom : l’ HYPNOSE. Ainsi, à 14h 12 ce vendredi 26 août 2005 au Couvent des Cordeliers, un homme du fond de l’exposition aborde les touristes fascinés et propose, sans ménagement, une séance d’hypnotisme. Nous avions déjà noté dès l’entrée de l’exposition la participation à l’exposition de François ROUSTANG, hypnotiseur de son métier... Ainsi l’exposition est un laboratoire grandeur nature de l’expérimentation de la prise de contrôle de la conscience des individus candidats au dressage. La machine de guerre mass-médiatique fait un pas de plus vers la destruction de la subjectivité comme procédure de domination. Ce qui pourrait passer pour une performance est ancré dans le discours général de l’exposition "I’ve heard about... ©" qui amalgame la fiction au probable, le possible au désirable. On nous invite à « emprunter les cheminements hypnotiques" qui constituent selon les architectes-artistes le "protocole territorial" et "l’outil de transformation individuel et collectif". Bien sûr le management est courtois, la figure de l’autorité fait place aux formes d’auto-domestication infiniment plus efficientes. Ce qui est qualifié comme un "principe de réalité" montre que les architectes-artistes ne plaisantent pas et qu’ils croient suffisamment en leur dangereuse approche de l’environnement pour passer aux actes : "Nous sommes nourris de science-fiction, nous ne nous en cachons pas du tout ", avoue Benoît Durandin, associé à R&Sie(n) pour la conception de cette exposition. Il précise entre autres : " Nous avons été en contact avec l’écrivain de SF Bruce Sterling, avec lequel des idées ont été échangées à la genèse du projet. " Mais il déroute aussitôt son auditoire en ajoutant que "toutes les définitions proposées sont rigoureusement scientifiques", que l’équipe a aussi travaillé avec des chercheurs oeuvrant dans les domaines de la robotique, des mathématiques ou des nanotechnologies. Et qu’en somme, tout cela pourrait bien un jour aboutir. source : "Ville : de l’idée à l’idéal, Marie-Douce Albert", le 19 août 2005, LE FIGARO. Le management via la cybernétique vise à retourner le rapport de domination de l’Homme à la machine. Ainsi à l’assignation d’une performance qui dépasse les possibles humains, s’ajoute l’assignation d’une efficacité elle aussi post-humaine prise en charge par la machine. Mais vers quels augures nous dirigent les technologies qui repoussent sans cesse les limites de la performance et de l’efficacité qui, semble t-il, oublient un peu vite les enseignements de Hiroshima et de Nagasaki ?
Les techno-sciences en se donnant comme programme la recherche de l’intelligence artificielle entérinent non seulement une soi disant impuissance des multitudes, mais elle recherche en plus à inverser le rapport de domination pour assujettir les masses à la machine. On voit bien dans le cas des mass-media comme dans celui de la cybernétique ou de l’audio-visuel que ce rapport de domination est déjà effectif, comme le montre par exemple D. WOLTON. L’enjeu de la cybernétique récupérée par le management porte autant sur des rapports pacifiés que sur des comportements passifs qui fondent d’ailleurs les suspicions quant à tout activisme devenu par définition marginal. Notons que c’est pourtant précisément sur ce terrain communicationnel de la cybernétique que se développe ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la "dissidence numérique", c’est-à-dire des formes organisationnelles d’homo-communicans affranchis de l’emprise managériale. Le management auto légitimé par une complexité jamais qualifiée produit des processus d’extrême simplification et d’appauvrissement des milieux hétérogènes HEGEMONIE D’UN DETERMINISME ECONOMIQUE TOTALITAIRE Le management comme forme d’organisation du travail du libéralisme économique assure une dépolitisation de l’individu. Après avoir fait main basse sur l’homo communicans, il vide la substance de l’individu-citoyen mis sous le contrôle invisible et indicible d’une autorité sans visage et sans nom que nous appelons management. "La primauté accordée à la liberté individuelle par le fondateur du libéralisme [Adam SMITH, La richesse des nations], n’a, il est vrai, strictement rien à voir avec une quelconque autonomie subjective. Elle correspond plutôt à la notion de "main invisible", c’est-à-dire à l’idée d’une autorégulation économique indépendante de toute volonté politique". [p 137] L’équipe de François ROCHE nous l’affirme, la problématique de l’émergence est dissociée de la puissance politique : "[...] Cette biostructure devient la partie visible des contingences humaines et de leurs négociations. Ses modes d’émergence font que sa fabrication ne peut être déléguée à une puissance politique qui en nierait les procédures d’échange et en dessinerait les contours par anticipation ou par contrainte" La critique du politique est légitime dans le cadre de l’exercice de son pouvoir institutionnel, qui justement, finance la monstration des scénarios délirants de R&Sie(n). Or François ROCHE critique explicitement non pas le pouvoir, mais la puissance politique, c’est à dire la capacité créatrice et innovante de l’individu citoyen et de l’homo-communicans activiste impliqué sur et dans l’espace public numérique_physique, dans le cadre du general intellect. Ce refus d’accorder une puissance politique aux multitudes émergentes, au profit de la libre circulation des flux contrôlés par la capitalisme, témoigne de l’application d’un facteur de sélection des flux et de ségrégation des individus : l’ordre est auto-organisé par les flux économiques, l’individu-consommateur est l’agent intermédiaire de l’intensification de ces flux. L’l’homo-communicans dissident et l’individu-citoyen sont exclus des processus de mutation du territoire selon la fiction proposée par l’équipe de "I’ve heard about... ©" dont l’appartenance occasionnelle de l’un de ses membres au groupe multitude reste à éclairer. La cybernétique comme outil de gestion et de contrôle des flux désactive la puissance politique des multitudes. Selon toute logique, une alternative sérieuse aux dispositifs bureaucratiques français souvent dénoncés par François Roche réintroduit le débat "place strategy" versus "people strategy" [DONZELOT]. Or, dans les faits, ce débat ne concerne pas R&Sie(n) qui adopte clairement la position autoritaire d’une stratégie "top-down" où l’approche spatiale prévaut et produit la normalisation des multitudes. La puissance politique des multitudes inhérente à la problématique de l’émergence dans une stratégie ouverte au dialogue et à la négociation durable selon des processus suivant le mouvement de l’innovation ascendante de manière indépendante de la tutelle institutionnelle est ainsi désactivée.
La critique de François Roche des dispositifs d’accès à la commande, pourtant utile, ne repose pas sur l’expérimentation de l’innovation ascendante de dispositifs ouverts et coopératifs soucieux de culture mais sur la complainte d’un maître d’œuvre malmené par la concurrence libérale... Management et politique ne sont pas compatibles C.L. nous apprend que Hayek était assuré que la formation d’un ordre social spontané suppose [...] l’adaptation des actions individuelles à certaines règles dictées par leur environnement. Loin d’être le résultat d’une imposition arbitraire, ces règles sont de nature implicite, les individus n’ayant pas besoin de les connaître pour leur obéir. Pour lui elles sont [...] le fruit d’un "processus de sélection" social rendu nécessaire par le fait que "certains comportements parfaitement réguliers des individus ne pourraient que provoquer du désordre." [p 138]
On notera l’efficience normative et sélective des règles tacites dans les processus d’auto-domestication qui montrent à quel point la grille du management est intégrée à l’individu devenu le gestionnaire permanent de la quotidienneté. La "main invisible", d’un simple revers, a balayé les limites entre les sphères domestiques et professionnelles. Cet individu gestionnaire est parfaitement flexible, adaptable, et fait croire en la "fin des idéologies". Il serait sans doute plus juste de parler de l’expression d’une hégémonie invisible et totalitaire de l’économie de marché qui ne fait que très peu de cas à l’épaisseur et au sens de la démocratie pour n’en conserver que le vernis qui rend acceptable l’état de fait qu’elle impose : le politique est assigné à garantir les conditions nécessaires pour la circulation et la captation instantanée des flux, des conditions qui s’éloignent de plus en plus de la paix entre les peuples. En se référant de la sorte à la menace entropique, Hayek montre bien qu’il conçoit les règles sociales non comme des décisions politiques, mais comme un processus d’adaptation à la complexité. Exit donc la démocratie dans le plein sens du terme. [p 138] Management et démocratie ne sont pas compatibles On peut alors se demander les motivations des cyberarchitectes à développer ce qui nous apparaît dans une certaine mesure de plus en plus comme l’outil du management, lui-même bras armé du libéralisme économique. La réponse est sous nos yeux. La fascination pour la « cybersociété », le fort optimisme technologique des cyberarchitectes et l’enthousiasme démesuré pour l’Internet qui s’appuient sur les théories de l’auto-organisation et de la complexité, correspondent tout simplement selon C.L. à un profond conservatisme politique et économique qui prône un laisser-aller complet dans le domaine technoscientifique, dans la logique libérale de la circulation des idées et la saine compétition défendue par un Pierre LEVY, manageur du Cybermonde à la manière d’un François ASCHER pour l’urbanisme, et qui s’accordent tous deux sur la ligne de "l’alliance libérale-libertaire ". Management et durabilité ne sont pas compatibles Alors bien sûr on peut s’inquiéter face à un tel constat pour notre sujet qu’est le bien-être humain conditionné à un développement durable et désirable. Tandis que DD demande une refonte totale des savoirs et des pratiques, la résistance s’organise, l’ennemi sort du maquis et nous ne pouvons que le désigner du doigt tant il est à la fois souriant, lisse et nuisible, quitte à grossir un tant soit peu ses traits. Car il maîtrise parfaitement le sourire figé et l’image séduisante du marketing amoureux, le cyberespace correspond à son credo de l’uniformisation et de la planétarisation de la pensée méprisant, non dans les discours mais dans les actes, toute forme de culture, puisque ce sont les actes eux-mêmes qu’il méprise.
Lorsqu’on constate le rôle croissant des technologies de l’information et des biotechnologies dans le développement de l’économie planétaire, on ne peut qu’être inquiet de cette convergence idéologique. Ce n’est pas le fruit du hasard si la cybernétique, née dans une période de profond conservatisme politique, ressurgit aujourd’hui sous les traits passablement transformés et rajeunis du cyberespace. La naturalisation de l’évolution technologique constitue l’un des traits majeurs de ce nouveau conservatisme. [p 141] Le cybernétique comme forme de management assoit dans le cadre d’un pensée simple et de processus alambiqués la suprématie de la raison économique dans la pensée "cyberarchitecturale". LA CREATION D’UN MONDE POST-HUMAIN LEGITIME PAR LES MULTITUDES Quel est le projet des cyberarchitectes, des [A.N.S.] ou des manageurs déclarés comme François ASCHER ou Pierre LEVY ? Les modèles qu’ils proposent ne génèrent aucune réaction mais fascinent, les premiers répondant à la demande cannibale des croqueurs de revue et les seconds offrant les outils organisationnels d’une production automatique de l’architecture. Dans les deux cas, de manière similaire et non identique, le post-humain se fait jour. "De l’humain au post-humain il n’y a qu’un pas, et c’est bien celui-ci que semblent vouloir franchir les tenants contemporains du paradigme cybernétique. L’idée d’être informationnel développée il y a plus de cinquante ans par Wiener semble dépasser complètement les cadres de la pensée humaniste, pour adopter une vision évolutionniste selon laquelle la fusion humain-machine devrait aboutir à la création d’une nouvelle espèce : le post-humain." [p 166] La dégradation de notre environnement naturel, urbain, social, ... est si avancé que le cyborg apparaît comme la forme certes post-humaine mais aussi la plus adaptée au nouvel environnement. Le parti pris de l’équipe R&Sie (n) est clair, il ne s’agit pas d’évoquer les alternatives pour un développement durable et désirable, il s’agit de préparer le public médiatique aux scénarios de l’adaptabilité aux conséquences désastreuses de l’immobilisme des architectes par rapport aux enjeux humains, tout en invoquant les Dieux de la Mutation. Cette position d’un cynisme absolu, qui se retranche derrière l’imagerie de la science-fiction, à la manière des Américains qui pendant la guerre froide rêvaient béatement dans l’ombre de leur Superman, imagine donc sérieusement le passage à la réalité. Les principes du management cybernétique ne sont pas compatibles avec les enjeux de culture du développement désirable Le management lui-même idéologiquement parfaitement adaptable et qui pousse jusqu’aux extrêmes limites l’art de la rhétorique « chewing-gum » [LE GOFF] n’avait aucune raison d’épargner le monde de l’art qui perd ainsi son atout critique majeur, l’humour, au profit d’un scientisme convoqué pour s’assurer des bons auspices institutionnels dans un contexte de crise majeure de cette institution [FOUCAULT-DELEUZE].
"Née dans la foulée du paradigme cybernétique, la pensée postmoderne ne pouvait au contraire que mener à "cette sortie en douce de l’espèce humaine", pour reprendre l’expression de la sociologue Louise Vandelac. Aussi faible qu’il puisse l’être, le sujet postmoderne se présente en effet comme le créateur d’une identité multiple modifiable à l’infini. Dans sa lutte contre l’unicité du corps,legéniegénétique poursuit, en un sens, cette logique de création identitaire. Sur ce point, l’analyse de l’économiste Jeremy Rifkin est forte éclairante. Nul doute à ses yeux que « les techniques de recombinaison de l’ADN sont les outils de "l’artiste" postmoderne. " Ceci prend tout son sens avec l’art transgénique, dernier avatar de la scène artistique contemporaine." [p 209] Ainsi, comme le note C.L., par un curieux détournement de sens (figure de style favorite du discours managérial avec l’amalgame et le slogan), une pensée née de la guerre et du contrôle militaire est devenue l’un des principaux lieux de ralliement idéologique de la gauche américaine. [p 210] Et à dire vrai, il apparaît actuellement dans l’actualité que ce point de convergence fédère l’artiste, l’ingénieur et l’architectepourréaliserlegrandprojetde refaçonnement du vivant. "Au rythme où vont les choses, il ne serait pas étonnant que les ingénieurs du vivant fassent bientôt appel à la liberté d’expression pour légitimer leur entreprise. Ils pourront alors compter sur les militants du cyborg et de la multitude pour les appuyer." [p 210] Il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour lire cela : Chez R&Sie(n), François Roche fait en général assez peu de mystère de son mépris pour les procédures actuellement en vigueur en France. Il fustige ainsi le dispositif des concours d’architecture, les "commis de l’Etat qui ont la responsabilité de la commande publique", bref un système où, dit-il "une nomenklatura autoproclamée décide pour la multitude, sous prétexte que celle-ci ne serait pas en mesure de comprendre les complexités contemporaines" Ville : de l’idée à l’idéal, Marie-Douce Albert, le 19 août 2005, LE FIGARO Ces propos de F.R. pourraient solliciter une adhésion naïve des promoteurs du "citoyennisme" [RIESEL] mais l’exposition met en œuvre dans le propos et en action la réelle volonté normative de massification et de désubjectivation totalement contraire aux préceptes écosophiques défendus par GUATTARI par exemple, pilier référentiel de multitude. Comme nous l’avons vu plus haut, l’exposition est le terrain d’expérimentation de l’HYPNOTISME performantiel et médiatique et dans le même temps les auteurs revendiquent un principe de réalité qui laisse à sourire. Ils semblerait que les auteurs de l’exposition soient eux-mêmes captifs de l’univers fictif référentiel. Il serait grand temps de sortir de cette mauvaise série et d’invalider définitivement de telles démarches "spéculatives" pour en finir avec l’architecture virtuelle qui nous fait perdre du temps et de l’argent et qui déporte notre attention d’une réelle approche prospective sur l’étude et la modélisation des phénomènes urbains immatériels ou pourquoi pas, d’une architecture "numérique" sérieuse fort bien développée par ailleurs. Nous noterons au passage l’acception malheureuse du mot "spéculation" introductif pourtant de l’exposition "I’ve heard about... ©" qui témoigne d’un sérieux déficit prospectif. La fiction, à défaut d’instruire le désirable au-delà du possible opérationnel, légitime dans les démarches cybernétiques une fuite en avant des véritables problèmes que le réel pose aux professionnels de la ville et des territoires. La fascination communicante pour l’esthétique des flux ne peut légitimer la conformité des pratiques sur le réel (qu’elles soient architecturales, artistiques, urbaines, ou autre) à l’imagerie techno-scientifique et à ses fictions associées. Pour ne citer qu’un seul exemple, un rapport récent de l’IAURIF publié en mai 2005 sur l’empreinte écologique des habitants de la région Ile de France, montre que le seuil de durabilité est dépassés en France et en région parisienne en particulier, et qu’il devient par conséquent incontournable de se pencher sur les modalités pour diminuer les processus d’altération de la planète inhérents à l’ultra-libéralisme, comme la surconsommation induite par la promotion des hyper-individualisation. Mais ces problèmes ne sont sans doute pas assez glamour pour nos cyberarchitectes acteurs des paysages... virtuels et qui, espérons le, le resterons. Les choses ne peuvent en rester là. Cette exposition est la démonstration de la dangerosité d’une idéologie ultra-libérale aujourd’hui hégémonique qui ne cesse d’innover au delà des seuils éthiques pourtant juridiquement énoncés dans le code de déontologie des architectes qui semble, du simple fait de l’interdisciplinarité, ne pas constituer une sérieuse préoccupation. Mais au delà de cette objection éthico-politique, cette exposition montre d’une part les effets dévastateurs sur la subjectivité des publics captifs des coquineries qui se déroulent dans les coulisses ministérielles, et d’autre part explicite le hold-up du champ architectural qui a été effectué par Benoit DURANDIN dans le groupe Multitude. Le management cybernétique et les multitudes ne sont pas compatibles Le management cybernétique impose les modalités technocratiques d’un travail automatique post-humain impuissant quant à la conception de lendemains désirables. Sebastien MANIGLIER
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Pour information, et accessoirement pour en finir avec le jugement sur R&Sie(n), aller voir ce qu’ils viennent de rendre et de perdre sur le concours du FRAC Centre ; http://www.new-territories.com/welostit.htm
Leur machine duchampienne, Olzweg, s’inspire largement d’ Í’ve heard about’. Cela navigue entre un imaginaire et sa pathologie paranoïaque de ‘distanciation du monde’’. Ne serions nous pas ici entre ’’Ghost in the Shell’’de Mizayaki et Bruce Stirling (Tomorrow now) dans un pure délire enfantin et monstrueux, sorte de scénario à quatre mains, écrit par Perrault (les contes évidemment) et Lewis Carroll.
Leur outil GPS de repositionnement dans les dédales de leur proposition faisant office de Lapin...’Je suis en retard’ répète t-il à Alice...
Cette ligne, borderline, entre réalité et fiction, touche éminemment au Réel. Cette impasse quand à déterminer voir circonscrire ‘’de quoi c’est effectivement constitué’’ nous fait basculer dans la préhension de la société du risque, hors du savoir objectif, hors des compétences de ceux qui produisent un savoir prévisible... leur Olzweg agit comme un déclencheur de peurs et d’imaginaires, sorte de ‘reflexivisation’ de la société sur nous même.
Bien heureusement, ils ont perdu.
Ils auraient, sans le savoir, re-introduit le jeu du Cadavre Exquis, au sens du jeu d’une chose qui ne se dévoile qu’en empruntant un simulacre d’apparence, comme l’objectivisation psychique du réel au sens de Breton. Cela ne peut être. Du moins beaucoup s’attache à ce que cela ne soit pas.